Thumbnail imageVous prendrez bien un peu de Brexit ?

Michel Thoraval, président RC Vichy

Nous y sommes, David Cameron qui avait fait la promesse électorale d’un référendum sur le maintien ou non de la Grande Bretagne dans l’Union Européenne, doit faire face - enfin, Mrs Theresa May - au séisme électoral déclenché : 51,9 % pour la sortie soit 17.4 millions de britanniques et 48,1 % contre la sortie de l’UE soit 16,1 millions de Britanniques. Ce séisme, qu’il ne gérera donc pas puisqu’ayant démissionner, « ce n’est pas à moi de gérer cette merde » aurait-il dit ? Nous ne sommes pas avec Sir Winston Churchill qui avait pris en compte la seconde guerre mondiale...

Du coup, panique chez tous ceux qui voudraient bien continuer à profiter des privilèges et avantages exorbitants que, depuis le « I want my money back » de Mrs Margaret Thatcher, la Grande Bretagne avait soutiré de l’Union. Une pétition, qui a recueilli plus de 2 millions de signatures, a circulé pour demander un nouveau référendum, en vain.

Royaume Uni ?

La maison est divisée, avec les Écossais et les Ulsteriens qui ont voter pour le maintien dans l’Union et qui ne veulent pas se plier aux volontés de 50 millions d’Anglais. Le gouvernement écossais se prépare donc à présenter une loi pour autoriser la tenue d’un référendum et envisage déjà des négociations pour le maintien de l’Écosse dans l’Union Européenne mais les Écossais voudraient conserver la livre sterling. Au plan international, le Brexit et ses résultats sur l’unité du Royaume Uni risque d’avoir des conséquences sismiques, qui se font déjà sentir : la dégringolade de la livre sterling sur les marchés ( - 10 % ) est déjà une réalité, ainsi que celle des bourses de Singapour et de Hong Kong. Les prévisions du FMI n’ont rien d’encourageant en termes de commerce extérieur. Les prévisions annoncent un assèchement des ressources fiscales avec un manque à gagner d’une trentaine de milliards d’euros. L’entrée sur le territoire de l’UE via le Royaume Uni est maintenant fortement menacée et les principales banques américaines envisageraient, en apparence, de transférer une partie importante de leurs activités hors du pays. La perte d’influence de la Grande Bretagne va poser un grand nombre de questions comme, par exemple, son statut au sein du Conseil de Sécurité de l’ONU.

Et les conséquences pour l’Union Européenne ?

À court terme, l’euro a lui aussi subi le contrecoup de la décision référendaire, avec une baisse de 3 %. A long terme, Jacques Julliard, éditorialiste de Marianne, estimait que le Brexit pourrait être salutaire pour l’Europe, à la condition que la France et l’Allemagne s’entendent pour créer une Europe du premier cercle. Michel Rocard estimait que « l’Europe ne pourra être relancée sans que les anglais en sortent », dans son livre Suicide de l’Occident, suicide de l’Humanité.

Alors qu’attendre de l’Union ? D’abord, une gestion rigoureuse de la crise induite par le Brexit. Il ne doit pas être question non plus, dans l’hypothèse, peu probable, d’une sécession de Londres, d’accepter qu’elle intègre l’Union Européenne. La mise en place d’un gouvernement de la zone euro pourrait être une réponse heureuse au Brexit.

Les Anglais auraient-ils un plan secret avec le Brexit ?

Interrogeons-nous ; pourquoi les Anglais sont-ils partis ? Parce que c’est une île (le Japon n’est pas l’Asie, la Corse n’est pas le continent) Parce qu’ils ont mal analysé le déséquilibre entre Londres et le reste du pays.

Mais, ils ont un plan pour la suite...

DEVENIR UNE GRANDE SUISSE, PARADIS FISCAL ET FINANCIER

- Car la Suisse perd le secret bancaire en 2017 (Loi FATCA : les banques et les compagnies

d’assurances de tous les pays doivent déclarer au fisc américain la liste et les données de leurs

clients américains). En 2013, les fonds étrangers en Suisse étaient de 1800 milliards d’euros ;

- Car les USA sont d’accord, ils partagent avec le Royaume Uni le droit et la langue,

deux choses essentielles pour le business ;

- Car la Chine est d’accord en faisant monter la place financière de Londres, elle

affaiblira le dollar et l’influence de New York. C’est pour cette raison que les chinois

ont soutenu l’Europe pendant la crise de 2011.

 

Mais, il peuvent tout perdre !

L’Europe peut organiser un pôle financier. L’Écosse peut partir et mettre fin au Royaume

Uni. Les Anglais peuvent aggraver le déséquilibre entre Londres et le reste du pays.

 

Dernière minute

Theresa May, lors de la réunion de son parti le 5 octobre, s’est déclarée pour un Brexit sans concession, n’a pas infirmé la préparation d’un plan destiné aux entreprises afin qu’elles publient la liste des employés non britanniques et a déclaré vouloir privilégier la main d’œuvre nationale. Il y a 3 millions d’Européens au Royaume Uni. La première ministre écossaise Nicola Sturgeon accuse d’ailleurs Theresa May de xénophobie.

Theresa May a affirmé au négociateur en chef de l’Union Européenne, Michel Barnier, qu’elle mettrait en œuvre l’article 50 avant la fin mars 2017, avant les grandes élections en France et en Allemagne.

Pour réussir son plan et devenir une « Grande Suisse », Londres doit garder son « passeport

financier ». La bourse de Londres est le point d’entrée en Europe pour les investisseurs

américains et de nombreux autres pays. Avec le Brexit, elle risque de perdre son statut,

l’Union Européenne peut remettre en question ce passeport et positionner la bourse de Paris

ou celle de Francfort pour être le nouveau point de départ d’entrée des investisseurs ; l’UE en

est-elle capable ?

 

Sources : informations recueillies dans les rapports, articles et notes de la Fondation

Robert Schuman, du site Médiapart, du Times et de Mathilde Thoraval, stagiaire

Sciences Po à l’ambassade de France à Londres.


 Brexit